JUNKERS-Ju-88
Le V/KG-40 atteignit son effectif maximal en
juin 1943 avec une cinquantaine de C-6, répartis entre ses cinq Staffeln. Redésigné I/ZG-1 en octobre, il continua d’opérer en France avec soixante-dix appareils, avant d’étre renvoyé en Allemagne apres le débar- quement de Normandie pour se reconvertir sur Fw-190. Les C-6 combattirent également sur le front de l’Est, ou les KG-3, 76, 27 et 55, par exemple, 1’uti]iserent pour l’attaque en semi-piqué ou en rase-mottes des voies de communication. Enfin, sur le front de l’Ouest, ils remplacérent, a partir de la fin de 1942, les Bf-I10 des unités de chasse de nuit. Désignés C-6b (pour les différencier de la version Zerstorer, elle-meme redesi- gnée C—6a), ces appareils furent équipés du nouveau radar de bord Lichtenstein C-l.FuG-212, opérant sur 490 mégacycles et d’une portée de 5 km au maximum at 200 in au minimum. Ce radar avait été essayé en 1941 sur quelques Ju-88, Do-l7.Z et Bf-I10 du NJG-I sous sa version de présérie FuG-202. Ses antennes, placées dans le nez de l’appareil, déplurent aux pilotes venant de la chasse de jour, mais ils finirent par s’y habituer, d’autant que si elles diminuaient la vitesse de l’appareil (40 km/h environ), elles n’afiectaient en rien sa maniabilité. Le radar FuG-212 equipa jusqu’a la fin de 1943 la plupart des Ju-88 chasseurs de nuit. Ces derniers operaient, avec les Bf-H0, dans le cadre d’un systeme de defense tres structure elabore par le General Josef Kammhuber (chef de la chasse de nuit depuis 1940) et couvrant les approches de l’Allemagne en un vaste cercle s’etendant de la cote danoise a la frontiere suisse en passant par les Pays- Bas, la Belgique et l’est de la France : la « ceinture Kammhuber », redoutee des equipages de la RAF. Le systeme de detection, ou systeme Himmelbelt, était base sur deux radars terrestres : le Freya, qui localisait l’ennemi a grande distance, et le Wiirzburg, plus precis, qui permettait de suivre |’objectif sur les écrans. Ces informations etaient transmises aux chas- seurs, qui achevaient l’interception avec leur Lich- tenstein de bord. Ce systeme, qui combinait l’action de la chasse et celle, tres efiicace, des projecteurs et de la Flak, s’avera redoutable; mais sa rigidite posa de serieux problemes, lorsque commencerent les bom- bardements massifs de la RAF en 1943. Sur les 385 Ju-88 de toutes versions sortis des usines Junkers’ en 1942, on comptait 257 Ju-88.C-6, mais du fait des nombreux accidents survenus en operations ou a Pentrainement, en raison de difficultes au decollage, et surtout a Patterrissage de nuit, seuls soixante-cinq d’entre eux etaient effectivement en service, et il fallut attendre pres d’un an pour pouvoir disposer d’une nouvelle version, presentant de meilleures caracteristi- ques dans ces phases de vol. ’ Sur le plan de l’armement, une amelioration impor- tante intervint en 1943, avec le montage sur les C-6b de la « Schréige Musik >> (Musique en biais), a savoir deux canons MG-151 de 20 mm, places sur le dos du fuselage et inclines vers le haut 21 70-800, permettant au pilote de se rapprocher en montee du bombardier ennemi, puis, en reduisant les gaz, de se placer au- dessous de lui, a la meme vitesse, et de decharger ses armes sur ses parties les plus sensibles sans s’exposer au tir de son mitrailleur arriere. Ce systeme d’une redoutable efficacite causa de veritables ravages parmi les quadrimoteurs de la RAF pendant de longs mois. C’est ainsi que, le I7 aout 1943, lors de l’attaque de Peenemiinde, un equipage du II/NJG-5 abattit six bom- bardiers en une demi-heure. Au cours de cette meme annee 1943, entra en service une nouvelle version de chasse de nuit, le Ju-88.R. ldentique par sa cellule et ses equipements au C-6b, le R-1 en differait essentiellement par ses moteurs BMW-80l.MA, alors disponibles, tandis que le R-2 recevait des BMW-80l.D. Un de ces appareils, capture intact par les Britanniques apres avoir atterri dans des conditions encore mal definies sur le terrain de |
Dyce, pres d’Aberdeen, permit aux equipes d’essai du
Royal Aircraft Establishment de verifier les excellentes qualites de vol du chasseur Junkers, mais surtout d’examiner le radar FuG-212, lequel leur parut plus precis et accrochant mieux l’objectif que le radar anglais Al Mk-IV. La longueur d’onde du FuG-212 etant connue, la parade consista pour la RAF a larguer, lors de l’attaque des villes allemandes, des millions de « windows », bandelettes de papier metal- lise qui multipliaient les echos sur les ecrans des radars. La defaillance du systeme Himmelbelt fut particulierement mise en evidence a l’occasion des terribles raids de juillet 1943 sur Hambourg. De nouveaux procedes furent alors mis au point. Aux chasseurs guides par radar —— Ju-88 et Bf-110 -- s’ajouterent des chasseurs monomoteurs Fw-190 et Bf-109 equipes d’un‘systeme de detection simplifie. Ces appareils, decollant a l’approche des bombardiers, montaient a une altitude plus elevee que ces derniers afin de les voir se profiler sur les villes en flammes ou volontairement eclairees. Ce procede, baptise « Wilde Sau » (Truie sauvage), fut mis au point par le Major Hajo Herrmann, ancien as sur Ju-88.A au III/KG-30. Parallelement, les Ju-88.C etaient, engages, avec les Bf-I10, dans les ope- rations << Zahme Sau » (Truie domestique), qui etaient, en fait, un retour aux techniques « intruders >> de 1941. Ce type de missions, qui se developpa largement pendant les dernieres annees de la guerre et qui avait ete concu par l’Oberst von Lossberg, convenait parti- culierement au Ju-88, auquel son autonomic (sept heu- res de vol) evitait de se poser aussi so‘uvent que le Bf-110 pour se ravitailler. . L’efficacite du bimoteur Junkers fut encore accrue par la mise en service, a la fin de 1943, d’un nouveau radar de bord, le Lichtenstein SN-2.FuG-220, qui fut monte sur le Ju-88.C-6c. Etudie en 1942, ce nouveau radar avait une fréquence de 90 megacycles, qui lui evitait d’étre brouille par les « windows », et sa portée s’etendait de 400 m a 6 km. On lui adjoignit par la suite un radar de proximite FuG-202, pour les portees inferieures a 200 m, et deux autres equipements de detection complementaires : le Flensburg, dont les antennes étaient placees dans les ailes et dont la fréquence correspondait a celle des detecteurs Monica installes dans la queue des bombardiers britanniques; le Naxos, branche sur la fréquence des radars HZS dont étaient equipes les bombardiers « pathfinders» de la RAF. Grace a ces equipements radar ultra-modernes combines a des methodes de combat ameliorees, les chasseurs Ju-88 connurent une nouvelle periode de succes, infiigeant de tres lourdes pertes a la RAF, surtout lorsqu’ils étaient pilotes par des as de la Nachtjagd, comme le prince zu Sayn-Wittgenstein qui, sur Ju-88.C-6, obtint six victoires homologuees dans la seule nuit du 19" au Zjanvier 1944. Le C-7 (proche du C-6), produit vers la fin de 1943, ne fut pas tres prolifique. Les sous-versions C-7a et C-7b, respectivement Zerstorer et chasseur de jour, pouvaient emporter 1,3 t de bombes. Outre/les armes montees dans le nez, leur armement comportait deux canons places sous le fuselage, dans un carenage remplacant la gondole avant. Le C-7c chasseur de nuit ne fut construit qu’a un tres petit nombre d’exem- plaires, priorite ayant ete donnee au Ju-88.G, qui devait etre l’une des versions les plus reussies. Developpe a partir des J u-88.C-5 et R-2, le prototype Ju-88.G-V1, qui vola en 1943, possedait un armement particulierement puissant (six canons fixes dans le nez) et etait equipe de moteurs BMW-80l.D de 1 700 ch. Par la suite, il subit d’importantes modifications a la demande des pilotes de C-6 : augmentation de la surface de l’empennage par montage de la derive du Ju-188, de forme plus carree, ce qui ameliorait sensi- blement les caracteristiques de decollage et d’atterris- sage, et montage de tout l’armement fixe dans un carenage plaque sous le fuselage, comme sur le C-7c, |
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